L'Héritière de Monteluc

Couverture du livre L'Héritage de Monteluc représentant un vieux album photo ouvert sur une page dans la photo au style aquarelle montre un chateau. Celle-ci semble magique car elle est entourée de halo violet lumineux.
Paru en : mars 2017
Editeur : MaCaDam (auto édition)
ISBN : 978-2-9544836-3-4
EAN : 9782954483634
Pages : -
Format : e-book
Prix : 5€
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Résumé

Lors d’une banale journée de printemps, Zoé hérite d’un antique château dans le Périgord de la part d’une inconnue. De surprise en surprise, sa vie bouleversée l’oblige à aller à l’encontre d’un destin annoncé. De la France à l’Espagne, d’une vie à l’autre, d’un enfant à l’autre. Motivée par l’amour, Zoé s’essaie à contrarier sa destinée et celle de ses proches. La question reste posée : le hasard existe-t-il ?

Personnages

Alice

Alice n’eut qu’à descendre l’escalier dans sa robe vaporeuse de soie bleu clair. Le pas léger, la frimousse rieuse, un brin de nostalgie dans son œil d’azur.

Nicolas

Il arriva donc un beau matin dans son cabriolet flambant neuf. Pas par hasard, loin s’en faut ! Il venait consulter le baron, recueillir des conseils professionnels, profiter de son expérience pour enrichir sa propre carrière. Il rencontra l’amour !

Zoé

Zoé n’est pas cupide. Elle a fait de bonnes études. A un bon métier. Gagne bien sa vie. Son logis, elle y a mis son héritage, ses économies, le fruit de son travail sans un sou réclamé à son banquier. Elle a des goûts simples, et tente quotidiennement de ne pas se faire rattraper par les affres de la consommation à tout prix. Besoins invoqués par des commerçants en quête de résultats, associés à une cohorte de bonnes raisons prétendant nous rendre heureux.

Tatiana

À plus de soixante-dix ans, Tatiana Martel reste une femme dynamique. Une épaisse toison toute blanche, un regard clair pétillant de malice. Vêtue d’un élégant tailleur pantalon de flanelle bleu pétrole sur un chemisier de satin blanc, rehaussé d’un collier de grosses perles, tout dans la vieille dame inspire le respect et l’admiration.

Xavier

Zoé l’avait surpris plusieurs fois en tenue décontractée, et très à l’aise. En jogging, lors d’un de ses footings autour de Monteluc. Une autre fois — par hasard — en pyjama ! Enfin si l’on pouvait appeler pyjama le marcel rapiécé sur un short décoloré. Elle avait apprécié à sa juste valeur les cuisses musclées et les épaules athlétiques. Plutôt simple le bonhomme…

Gaétan

L’aurore est douce, le silence apaisant. Zoé tend une main vers le berceau de plastique transparent. Elle lorgne dans la pénombre le poupon animé de soubresauts dans son sommeil. Elle hésite, a envie de le prendre contre elle, retrouver la sensation, ce peau à peau d’amour total et inconditionnel aussi fusionnel que lorsqu’il vivait dans son corps. Elle allait devoir le partager maintenant, avec sa famille, ses amis, l’école, la vie qui le lui enlèvera un jour et elle devra bien s’y faire. Aujourd’hui, elle pense juste à la normalité, au déroulement d’une existence classique d’une mère qui s’apprête à tout donner pour faire le bonheur de son fils.

Louisa

Zoé entortille une mèche de cheveux noir de jais, tire légèrement dessus pour la laisser s’échapper en un tortillon tirebouchonné. Elle s’amuse de l’énervement de la petite, profite de ce moment d’intimité pour enfouir ses doigts dans la chevelure déjà volumineuse malgré le jeune âge de Louisa. Aussi brune qu’elle est blonde, les yeux aussi foncés que les siens sont bleus et clairs, l’enfant à la peau mate la ravit par sa beauté chaque jour un peu plus. Une moue d’adulte agacée sur le visage, l’enfant se retourne, bras croisés sur sa poitrine, tête penchée, un air de commisération non feint.

Moka

Moka à son côté renifle tous azimuts à la recherche d’autres senteurs plus épicées sans grand succès. Un rien le fait démarrer comme une flèche, pour revenir quelques secondes plus tard se frotter aux jambes de Zoé, son pelage couleur de châtaigne embroussaillé d’épis et de traces de boue.

Aurélie

Une jeune femme dépose les boissons chaudes sur la table roulante qu’elle pousse vers le lit sous le regard étonné de Zoé. La fille est belle, très belle. A tomber ! Une tenue d’hôtesse de l’air, tailleur ajusté sur un corps parfait, juchée sur des hauts talons dorés, un chignon blond retenu par une barrette orné d’un nœud à poids. Zoé retient le détail insignifiant qui s’incruste dans son observation sans raison particulière. Un sourire rouge sang, un regard jaune pailleté qui lui rappelle vaguement quelque chose.

Tous les personnages

Extraits

Ma tutrice, Flore de Montaigu se passionnait pour le dessin et les plantes. Son père m’offrit à elle lors de son quinzième anniversaire, par une froide journée de décembre. Lorsque nous fûmes seuls, enfin, je mis avec délectation ma virginité à sa disposition. Elle en profita immédiatement, sans rougir, ni hésiter malgré son jeune âge. Sa main armée d’objets délicats caressait ma peau épaisse et duveteuse. Elle me confiait ses peines et ses joies, et surtout son empressement à voir se terminer cet hiver sans fin qui la privait du monde extérieur. Le printemps arriva à son heure. Nous parcourûmes alors des lieues par jour, soudés l’un à l’autre. Infatigable, elle voulait tout voir de la nature, tout noter, et me sollicitait sans cesse sans que jamais je ne me lasse. Plantes, arbres, animaux parfois, tout passait par moi. Je devenais sa bible et grossissais à vue d’œil. Elle riait de me voir bedonnant, et prenant toute la place près de sa hanche ou son sein. La vie était douce près de Flore, je m’épanouissais, m’enrichissais de sa présence et de son talent. Jusqu’au jour où tout bascula. Le jour où elle m’abandonna sur son lit, seul, je compris que ma corpulence était devenue gênante. Je l’entendis rire dans le parc, au pied du château quand je restais prisonnier.
* * *

Alice se sait injuste. A elle seule incombe la responsabilité. Son obstination, son entêtement à avoir toujours refusé la solution proposée par Nicolas, considérée par elle à l’époque comme une tromperie familiale pire encore que celle envisagée via ses hôtes indésirables. Aujourd’hui la voilà acculée. Aujourd’hui elle va mettre un terme à cinq cents ans de transmission générationnelle. Aujourd’hui elle s’apprête à trahir. C’est sûr, elle en mourra et ira pourrir en enfer !
* * *

Sur le perron, une haute porte de bois mangée par les vers mais encore solide lui interdit l’accès de son fief. Aucune serrure. Zoé regarde bêtement l’énorme clé inutile qu’elle tient serrée dans sa main droite. Le battant s’ouvre sans un cri sous la poussée. Zoé hésite. Elle n’aurait pas dû venir seule. Pour autant, une fascination nouvelle pour les lieux ascétiques l’envoûte, l’incite à approfondir sa visite. Après tout, elle est chez elle ! Une kyrielle de pièces compose le rez-de-chaussée de la maison. Salle à manger, salon, fumoir, salle de réception, vestiaire, cuisine, cellier. Bref ! Tout pour recevoir sans bousculade une cinquantaine d’intimes. Elle qui conservait jalousement l’amitié de deux copains d’enfance, et d’un petit ami épisodique …
* * *

Elle tourne les pages une à une. 1967. Huit ans ont passé. A toute vitesse. Alice avait brillamment passé ses examens d’économie. Depuis cinq ans déjà, elle préparait sous la gouverne de Georges de Gramont, une succession enthousiasmante. Tous la connaissaient et la respectaient sur le domaine. Les chefs d’équipe comme les ouvriers. A cinquante cinq ans, le Baron tenait encore solidement les rênes tout en responsabilisant sa fille pour assurer l’intendance, préparer sa suite. Mais pas d’urgence ! Alice aimait apprendre, chevaucher auprès de son père dans l’immense propriété, faire avec lui le tour des champs et des vignes, s’initier à toutes les techniques, y compris celle de l’encadrement d’un personnel nombreux et motivé. Seul bémol à son bonheur : Nicolas s’absentait de plus en plus fréquemment. Un nouveau et ambitieux projet le tenait éloigné d’elle. Il s’était mis en tête de conquérir l’URSS. Des accords d’import-export franco-soviétiques ouvraient des perspectives particulièrement attractives pour les responsables français sans être — ou peu — respectés. Jusqu’à présent, la France était systématiquement déficitaire dans ses échanges avec l'Union soviétique, a contrario des tractations commerciales avec l’Allemagne de l’Ouest.
* * *

Elle teste le lit à baldaquin recouvert d’un satin vert d’eau, y rebondit, le trouve confortable. Lorgne les meubles d’acajou, aux lignes épurées. Sur une table de chevet à tiroirs un livre épais attire son attention. Une couverture de cuir patinée par le temps. Une rosace en incrustation rappelle une version allégée du blason sur le portail. Une sorte de grimoire comme elle en a déjà vu dans les films historico-magico-fictionnels. Elle le prend précautionneusement, priant qu’il ne tombe pas en poussière, s’attend à y découvrir quelques recettes glauques de potions pour apothicaires, à défaut d’être magiques. Au lieu de cela, elle contemple ébahie sur la première page, une photo d’enfant. Un bébé blond et bouclé aux yeux d’un bleu lumineux et au sourire édenté. Zoé sursaute. Le livre lui tombe des mains, ouvert. La bambine la regarde rieuse, espiègle, insouciante, l’invitant tacitement à tourner la page ! Zoé reprend le pesant volume. Répond à la sollicitation exprimée, au regard pétillant. Son cœur s’accélère. La fillette a grandi. Elle a trois ans, et souffle ses bougies devant l’air émerveillé de ses parents. Sur la page d’à côté, protégée par une pelure de soie, la voilà à cinq ans. Noël a apporté la poupée de ses rêves. L’enfant la contemple, extasiée. Les souvenirs se pressent, émouvants, douloureux. Les siens !
* * *

Xavier sonne pour la troisième fois chez Tatiana et Pierre, sans réponse. L’énervement se transforme en hargne. Son impulsivité lui jouera des tours. Tout en étant conscient de cet état de fait, la lutte reste inégale. Impossible d’empêcher ses nerfs de prendre le dessus. L’inquiétude et la colère le guident autour de la maison. La perspective d’une maladie soudaine, d’un accident, d’un enlèvement — pourquoi pas ? — lui fait accélérer le mouvement. Tatiana réclamait sans cesse le gosse, reportait sur lui son affection, sa frustration. Xavier sait qu’elle aurait voulu qu’il le lui abandonne. Elle a tout essayé. Les larmes, la tendresse, les menaces de procès, les cris pour finir voyant que le père ne lâchait pas prise. Elle le harcelait dans sa langue maternelle dont il ne comprenait goutte, mais dont le ton ne laissait aucun doute. Manipulation tour à tour en douceur ou autoritaire, mais Xavier n’avait pas cédé. C’était son fils. C’était à lui d’en prendre soin, de le guider. Tatiana ne le lui enlèverait pas, n’en n’avait pas le pouvoir. Pour autant, il acceptait de le lui confier sachant qu’il restait sa seule famille, hormis Sacha resté célibataire et sans enfant.
* * *

Eveillée tard, dixit l’heure sur son réveil, Louisa écoute les bruits de la maison. Aucun ! Sa mère serait-elle encore couchée ? Peu probable. Plutôt sortie prendre l’air. Un rayon prometteur d’une belle journée d’automne filtre à travers les persiennes closes. Louisa laisse vagabonder ses pensées encore empreintes de sommeil, au rythme des particules de poussière flirtant avec le soleil. L’exaltation de la veille, noyée dans des flots d’alcool et de musique est déjà dépassée. La fête a clôturé une époque. Fin de partie. Game over ! Son âme encore enfantine, à l’intuition aiguisée, a deviné que Zoé cache un secret. Son regard qui se perd au loin. Son interruption parfois abrupte des conversations. Une morosité palpable au hasard d’une douce soirée de fin d’été. Elle n’a jamais cherché à savoir, a laissé sa mère à ses énigmes, a accepté patiemment ses silences. Elle sait qu’elle n’a aucune responsabilité dans la mélancolie maternelle. Ressent au contraire le besoin qu’a Zoé de sa présence. Elle l’a surprise parfois, observée même, cachée derrière une tenture ou une porte. A constaté, le cœur serré, les larmes couler sur les joues aimées, les sanglots secouer le corps souple. Elle n’a pas osé intervenir, pas voulu se montrer, respectant une douleur contre laquelle elle savait ne rien pouvoir faire d’autre que d’être là.
* * *

Zoé se détend sous l’œil rassuré et en même temps inquiet de Louisa assise à son côté. Champs nus en repos, forêts roussies par l’automne, vignes aux feuilles rouges et desséchées en cette mi-octobre. Le paysage bien connu n’a pas changé. Elle reconnaît villages et hameaux, collines et vallons, avec un plaisir à la hauteur de sa frustration d’antan. A constater l’instant suivant le visage fermé de sa mère, Louisa pressent que leur destination est proche. Elle guette les alentours, cherche le portail aux armoiries décrites avec précision, l’allée aux dalles imparfaites. Sans prévenir, Zoé stoppe sur un arrêt de bus, s’effondre tête dans les mains, sur le volant. Les battements dans sa poitrine se sont accélérés, Louisa prend peur.
* * *

Ils s’éloignèrent vers le fond de la cave, Moka la truffe au sol, Gaétan à pas de loup et la tête pleine de romans d’aventure. Il inventait, à la vitesse de l’éclair, une foule d’événements plus terribles les uns que les autres pour conter à Moka au fur et à mesure l’histoire du cadavre chimérique. Son imagination sans borne fut ce jour-là, plus que récompensée. La réalité rejoignit la fiction quand au détour d’un couloir pourtant bien connu, il eut la curiosité de s’intéresser à une vieille maie couverte de poussière et de toiles d’araignée. Un éclair verdâtre attira son attention, qu’il s’étonna de n’avoir jamais remarqué. Oublié le macchabée, remisé aux oubliettes de ses visions. Voilà qui devenait nettement plus excitant ! Malheureusement pour le jeune garçon, le couvercle fit de la résistance. Il eut beau s’arque-bouter, râler à en perdre le souffle, le meuble resta fermé. Seuls bougèrent les insectes affolés par autant d’activité inutile. Gaétan n’avait pas dit son dernier mot. Sans plus s’occuper du chien, zappé en même temps que le mort théorique, il s’attela à la recherche d’un éventuel levier. Une pluie torrentielle l’accueillit dont il n’eut cure.
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Aurélie travaille dans un casino. Croupière ! Ceci explique en partie cela ! Du moins le physique et l’uniforme. Quant au relationnel commercial, l’amabilité discrète, l’animation conviviale, elle a du tout apprendre. Aurélie sait que sa gouaille de fille du nord a pesé dans la balance lors de son embauche, mais l’employeur a craqué pour sa plastique parfaite. Elle doit maîtriser son accent et son vocabulaire de racaille pendant ses heures de boulot. Alors dès qu’elle le quitte, les mots se lâchent, s’envolent, se libèrent du carcan dans lequel les emprisonnent les lèvres rouges et charmantes. Pour les besoins du métier, elle a appris par cœur le patois casinotier, a peaufiné son sourire craquant qui attire à sa table une cohorte d’habitués parfois prêts à se battre pour s’y faire une place. Ce qui lui vaut les plus gros pourboires de l’établissement, et la reconnaissance de ses collègues lors du partage.
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