Comptines et Poisons

Couverture du livre Comptines et Poisons écrit par Catherine Topin
Paru en : mars 2024
Editeur : MaCaDam (auto édition)
ISBN : 978-2-9581204-2-9
EAN : 9782958120429
Pages : 368
Format : Papier
Couverture : rigide
Dimensions : 158 x 220mm
Poids : -
Prix : 13€
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Résumé

L’homme devant son pupitre la dévisage intensément. Qu’attend-il donc pour faire disparaître le cercueil et son macabre contenu ? Son accord sans doute ! À tout hasard, elle lui adresse un signe d’assentiment, déclenchant un soupir de soulagement.
Après avoir décliné l’identité du défunt, avoir proposé un instant de recueillement refusé d’un geste dédaigneux, le croquemort l’avertit du départ pour la crémation. La jeune femme retient son souffle. Dans quelques minutes tout sera fini.
Elle regarde le brancard sur roulettes, poussé vers la fournaise. La porte s’ouvre dans un feulement. Elle entend le brasier, en distingue le rougeoiement, à moins qu’elle ne le fantasme.
Là, un sourire cruel se dessine sur ses lèvres pleines.

Personnages

Colette

Colette rencontre Jean-Louis. Un coup de foudre auquel elle n’aurait jamais osé croire. Et pourtant ! Nouvellement arrivé dans l’entreprise, le charme dévastateur du comptable déchaîna illico les commentaires flatteurs. Colette, comme ses autres collègues féminines, remarque sa physionomie parfaite, le bleu lumineux de ses yeux, son calme, son assurance, son sourire craquant, son timbre de voix grave à la Jean-Pierre Marielle. Le regard tendre qu’il pose sur elle à leur premier contact fait le reste. Une invitation à l’accompagner au réfectoire plus tard, ils deviennent les meilleurs amis du monde, défrayant les commentaires acidulés, l’envie, voire la jalousie des employées. La jeune femme ne s’en formalise pas et la relation se transforme rapidement en une histoire d’amour passionnée.

Louise

À presque six ans, Louise est une petite fille attentive, l’émotivité à fleur de peau. Elle en veut à Colette tout en lui accordant une confiance aveugle. Si sa mère lui affirme qu’elles reverront leurs amis, c’est la vérité. Forte de cette conviction, Louise se sent moins triste et Colette se rassure. La vie leur offre leur part de bonheur à ne laisser passer sous aucun mauvais prétexte.

Bijou

Hormis ses gazouillis chantonnés, Bijou n’ouvre pas la bouche. Seuls ses iris noisette expriment de rares émotions à qui sait les décrypter, mais Louise n’est pas sûre d’avoir le bon décodeur. Elle voit la fillette dépérir. Pas son corps non, malgré une physionomie altérée par le manque d’exercice, plutôt son imaginaire qui l’entraîne dans des contrées énigmatiques et indéchiffrables au profane.

Jean Louis

Jean-Louis commande un nouveau verre d’alcool. Depuis quelques mois, il ne freine plus son désir d’oubli dans la boisson sous couvert de l’aider à réfléchir. Il rentre chaque soir un peu plus imbibé. Ses collègues de boulot le regardent de travers, les femmes... plus du tout. Ses traits fins, son corps, se sont alourdis, sa voix éraillée. Il s’est éloigné de tous, déjeune en solitaire dans son bureau, évite les regards critiques qui le jugent. Le diplôme officiel de Louise avait aggravé son état, encouragé plus encore son besoin de se noyer dans le whisky ou la vodka.

Jeanne

Jeanne couche la fillette, prend le temps de lui raconter une histoire. Attend même qu’elle s’endorme avant de revenir exécuter le même tendre traitement avec Victor. De deux ans l’aîné de Louise, le garçonnet vient parfois assister au cérémonial chez sa jeune voisine, profiter de l’histoire et des câlins sans rivalité. Jeanne, pour répondre à l’embarras de Colette, prétend, à juste titre, que Victor réclame parfois une sœur ou un frère. De fait, Louise coche les bonnes cases et console Jeanne de ne pouvoir satisfaire les desiderata de son fils.

Magali

La communication entre Magali et Louise est devenue plus fluide. Pas de grands discours non, mais une attention soutenue de la part de la patiente à l’écoute des histoires de l’infirmière. Elle lui contait les rumeurs de la clinique. Les idylles entre patients, les conflits réguliers entre Franck Hechten et Gustave Marcy, le directeur. Le coup de foudre de Frédérique l’agente de sécurité pour Vadim sans espoir... l’homme, marié, est très épris de son épouse. Des histoires plus ou moins drôles, plus ou moins vraies, mais qui ont l’avantage de distraire suffisamment Louise. Magali l’a bien observée au fur et à mesure de ses visites. Cette « Bijou » n’est pas folle du tout !

Odile

Les infirmières attendent fiévreusement l’arrivée du directeur, du médecin vedette, et surtout de la laborantine de choc. La porte de protection métallique s’ouvre dans un claquement sec. En tête de cortège, le docteur Hechten un sourire béat sur ses lèvres grasses. Gustave Marcy, le directeur, trottine derrière. En queue de peloton, une silhouette toute en courbes, une sorte d’attaché-case à la main. Valentine et Rose tendent le cou, détaillent la nouvelle arrivante. Une femme d’une quarantaine d’année, la peau noire et brillante. Une tenue affriolante qu’on croirait dégottée dans un magasin de farces et attrapes pour une Saint Valentin. Infirmière sexy en blouse d’un blanc immaculé, talons hauts et bas à couture.

Tous les personnages

Extraits

À pied d’œuvre, Valentine et Rose se préparent pour une nouvelle garde. Elles distribuent les pilules, chacune soigneusement rangée dans les boites personnelles des patients. Rodées aux nuits, aux assoupissements à tour de rôle, sorte de quarts de marin, elles plaisantent pour taire leurs inquiétudes, ne sachant jamais à l’avance comment se passera le service à venir. — Alors les filles prêtes pour l’inspection ! Les deux infirmières sursautent. — Docteur Hechten ! Quelle surprise ! réagit Rose la première. Valentine se contente d’un signe de tête. Elle n’aime pas le toubib. Le trouve arrogant, prétentieux. Et que dire de ses tests sordides sur la patientèle de la clinique ? Un irrespect total des malades. Leur incapacité à vivre en société n’en faisaient pas pour autant des cobayes pour ses expérimentations ! Ce qui motivent les associations défenseures des animaux n’existent malheureusement pas pour les humains. Enfin si, mais dans le cas du médecin, allez savoir pourquoi, personne ne s’inquiétait de ses actes. À croire qu’ils arrangeaient quelques laboratoires peu scrupuleux ou, plutôt, désireux d’accroître leurs profits !
* * *

Une énième dispute avait opposé le couple toujours sur le même sujet, pas d’enfant programmé cette fois encore. Sous les assauts furieux de Jean-Louis, les quolibets, voire les insultes, Colette osa émettre une défaillance masculine. Après tout, elle avait déjà un enfant, pas lui. Ces quelques mots eurent un effet dévastateur sur le mari atteint dans sa virilité. Sa main se leva, s’abattit sans qu’elle n’ait pu anticiper, sur sa joue, ses épaules, son dos. Ce jour-là, elle sut qu’elle devait le quitter, fuir avec Louise le plus loin possible !
* * *

Les infirmières se regardent, ignorant si la psy est au courant de l’épisode placard à balais, si elles doivent en parler. Leur carnet de liaison entre soignants de la clinique n’était pas mis à la disposition des extérieurs, mais Elsa Meyer a un statut particulier, elle fait un peu partie de la maison. Éva prend la décision, encouragée par Magali d’un mouvement de tête imperceptible. — Vous avez quelque chose à me dire ? réclame Elsa Meyer fine mouche. — Oui, voilà, la semaine dernière, un patient nous a signalé que Louise avait disparu. Les infirmières de garde ont mentionné l’avoir retrouvée cachée dans le placard des produits d’entretien. — Elle a décidé toute seule de sortir de sa chambre pour se réfugier dans ce cagibi ? s’étonne la psychiatre. — On ignore si elle y est allée de son plein gré, ou si elle y a été poussée ! Elle n’avait pas l’air apeurée, elle était comme d’habitude, elle chantonnait dans le noir !
* * *

Un léger frisson fait tressaillir Louise. Il est vingt-deux heures dix-huit, elle vient à peine de s’endormir. Dix minutes plus tard, une même sensation, une crispation légère tend son abdomen. Puis, une autre. Elle comprend. On y est. L’enfant tant attendu par tous, bien que les raisons diffèrent, se manifeste à l’heure prévue. Elle hésite à appeler Colette. À visionner tous les sites de la toile parlant d’accouchement elle connaît le processus en théorie. La voilà face aux travaux pratiques. Elle patiente, écoute son corps, calcule le temps qui sépare les contractions. De dix minutes, elles passent maintenant à huit. Les heures défilent, les tensions s’accélèrent, se renforcent, son ventre se déforme, la douleur s’amplifie.
* * *

Déçue de n’avoir pas pu dire au revoir au bébé, Louise monte dans la voiture de son beau-père, le cœur serré. Elle aura peut-être réussi à rassurer Colette, c’est déjà bien ! Colette se retrouve seule, amaigrie, éreintée avant d’avoir commencé la moindre tâche. Elle est gravement malade, le sait, le tait à Louise. Inutile de lui ajouter une angoisse supplémentaire, de gâcher cette première journée de pseudo liberté. Elle a bien pensé pseudo ! Une autonomie illusoire, limitée à quelques cours par jour avec interdiction de parler à quiconque. Jean-Louis y veillera, prêt à la soustraire à toute forme d’instruction si d’aventure elle flanchait, se confiait.
* * *

Odile se demande ce qu’elle fait là, à écouter un bellâtre lui conter ses affaires de cœur ratées. La tristesse l’avait poussée hors de chez elle à la fin du jour. La déprime lui était tombée dessus sans avis préalable, assortie d’une angoisse particulièrement anxiogène à imaginer se coucher seule. Fidèle à d’irréductibles habitudes, peu ou prou abandonnées depuis la défection d’Anthony et l’arrêt de ses recherches improductives, Odile a cédé, repris le chemin des bars de nuit et des rencontres éphémères, succédanés dont elle savait avoir des regrets dès le lendemain, mais tant pis ! Elle a agi dans l’urgence, calmer sa détresse et ses appréhensions.
* * *

Louise reste debout devant lui. Attendant, sans demander, la clé de la cave. Il aime la faire un peu mariner, montrer que c’est lui qui commande. Le plat odorant déposé à sa place amène des gargouillis dans son estomac, lui rappelle qu’il a petit-déjeuner à l’aube. Il s’attable, prend une bouchée délicieuse, une seconde, une troisième, Louise immobile devant lui. Il la fixe presque reconnaissant, s’étonne du traitement agréable, si différent de l’ordinaire. Peu experte en cuisine, elle se contentait du minimum pour lui remplir la panse. Mais là ! Sous son œil scrutateur, elle lui semble fébrile. La peur sans doute de le décevoir. Il la félicite, termine le plat en deux coups de cuiller à pot, essuie l’assiette jusqu’à n’y laisser aucune trace. Pour lui faire plaisir !
* * *

Victor vint à la rescousse, fit le médiateur entre elles, prêchant sans l’avouer pour sa paroisse. L’arrivée de Louise dans le quotidien de Jeanne apportait simultanément un souffle dans sa vie. À vingt-sept ans, une existence rythmée entre ses études, puis son boulot et sa mère, les années étaient passées sans qu’il profite pleinement des plaisirs insouciants accordés aux jeunes gens. Un point commun avec Louise évoqué lors du déménagement de cette dernière. La jeune femme s’était d’ailleurs servie de l’argument, incitant le fils dévoué à profiter de son aide, s’offrir un peu de liberté pour se construire une vie sentimentale. « Un prêté pour un rendu ! » sourit-elle, proposition de réciprocité pour le déculpabiliser.
* * *

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