Paru en : | mars 2024 |
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Editeur : | MaCaDam (auto édition) |
ISBN : | 978-2-9581204-2-9 |
EAN : | 9782958120429 |
Pages : | 368 |
Format : | Papier |
Couverture : | rigide |
Dimensions : | 158 x 220mm |
Poids : | - |
Prix : | 13€ |
L’homme devant son pupitre la dévisage intensément. Qu’attend-il donc pour faire disparaître le cercueil et son macabre contenu ? Son accord sans doute ! À tout hasard, elle lui adresse un signe d’assentiment, déclenchant un soupir de soulagement.
Après avoir décliné l’identité du défunt, avoir proposé un instant de recueillement refusé d’un geste dédaigneux, le croquemort l’avertit du départ pour la crémation. La jeune femme retient son souffle. Dans quelques minutes tout sera fini.
Elle regarde le brancard sur roulettes, poussé vers la fournaise. La porte s’ouvre dans un feulement. Elle entend le brasier, en distingue le rougeoiement, à moins qu’elle ne le fantasme.
Là, un sourire cruel se dessine sur ses lèvres pleines.
Colette rencontre Jean-Louis. Un coup de foudre auquel elle n’aurait jamais osé croire. Et pourtant ! Nouvellement arrivé dans l’entreprise, le charme dévastateur du comptable déchaîna illico les commentaires flatteurs. Colette, comme ses autres collègues féminines, remarque sa physionomie parfaite, le bleu lumineux de ses yeux, son calme, son assurance, son sourire craquant, son timbre de voix grave à la Jean-Pierre Marielle. Le regard tendre qu’il pose sur elle à leur premier contact fait le reste. Une invitation à l’accompagner au réfectoire plus tard, ils deviennent les meilleurs amis du monde, défrayant les commentaires acidulés, l’envie, voire la jalousie des employées. La jeune femme ne s’en formalise pas et la relation se transforme rapidement en une histoire d’amour passionnée.
À presque six ans, Louise est une petite fille attentive, l’émotivité à fleur de peau. Elle en veut à Colette tout en lui accordant une confiance aveugle. Si sa mère lui affirme qu’elles reverront leurs amis, c’est la vérité. Forte de cette conviction, Louise se sent moins triste et Colette se rassure. La vie leur offre leur part de bonheur à ne laisser passer sous aucun mauvais prétexte.
Hormis ses gazouillis chantonnés, Bijou n’ouvre pas la bouche. Seuls ses iris noisette expriment de rares émotions à qui sait les décrypter, mais Louise n’est pas sûre d’avoir le bon décodeur. Elle voit la fillette dépérir. Pas son corps non, malgré une physionomie altérée par le manque d’exercice, plutôt son imaginaire qui l’entraîne dans des contrées énigmatiques et indéchiffrables au profane.
Jean-Louis commande un nouveau verre d’alcool. Depuis quelques mois, il ne freine plus son désir d’oubli dans la boisson sous couvert de l’aider à réfléchir. Il rentre chaque soir un peu plus imbibé. Ses collègues de boulot le regardent de travers, les femmes... plus du tout. Ses traits fins, son corps, se sont alourdis, sa voix éraillée. Il s’est éloigné de tous, déjeune en solitaire dans son bureau, évite les regards critiques qui le jugent. Le diplôme officiel de Louise avait aggravé son état, encouragé plus encore son besoin de se noyer dans le whisky ou la vodka.
Jeanne couche la fillette, prend le temps de lui raconter une histoire. Attend même qu’elle s’endorme avant de revenir exécuter le même tendre traitement avec Victor. De deux ans l’aîné de Louise, le garçonnet vient parfois assister au cérémonial chez sa jeune voisine, profiter de l’histoire et des câlins sans rivalité. Jeanne, pour répondre à l’embarras de Colette, prétend, à juste titre, que Victor réclame parfois une sœur ou un frère. De fait, Louise coche les bonnes cases et console Jeanne de ne pouvoir satisfaire les desiderata de son fils.
La communication entre Magali et Louise est devenue plus fluide. Pas de grands discours non, mais une attention soutenue de la part de la patiente à l’écoute des histoires de l’infirmière. Elle lui contait les rumeurs de la clinique. Les idylles entre patients, les conflits réguliers entre Franck Hechten et Gustave Marcy, le directeur. Le coup de foudre de Frédérique l’agente de sécurité pour Vadim sans espoir... l’homme, marié, est très épris de son épouse. Des histoires plus ou moins drôles, plus ou moins vraies, mais qui ont l’avantage de distraire suffisamment Louise. Magali l’a bien observée au fur et à mesure de ses visites. Cette « Bijou » n’est pas folle du tout !
Les infirmières attendent fiévreusement l’arrivée du directeur, du médecin vedette, et surtout de la laborantine de choc. La porte de protection métallique s’ouvre dans un claquement sec. En tête de cortège, le docteur Hechten un sourire béat sur ses lèvres grasses. Gustave Marcy, le directeur, trottine derrière. En queue de peloton, une silhouette toute en courbes, une sorte d’attaché-case à la main. Valentine et Rose tendent le cou, détaillent la nouvelle arrivante. Une femme d’une quarantaine d’année, la peau noire et brillante. Une tenue affriolante qu’on croirait dégottée dans un magasin de farces et attrapes pour une Saint Valentin. Infirmière sexy en blouse d’un blanc immaculé, talons hauts et bas à couture.